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Citylight
11 mars 2012

The offence

The offence - Sydney Lumet - Royaume Uni/USA - 1972 - Avec Sean Connery, Trevor Howard, Vivien Merchant


Lumet est un cinéaste américain pour lequel j'ai beaucoup de sympathie. Ici il réalise un film indépendant à la demande de Sean Connery. Ce dernier sature de ses rôles de James Bond et en échange de sa participation à un film commercial, il a eu le feu vert par la United Artists pour The offence, tourné au Royaume Uni. Adapté d'une pièce de théâtre, Sean Connery met au point le scénario.

Du point de vue scénario, c'est somme toute banalement policier: l'inspecteur Johnson (Sean Connery) est obsédé par la recherche d'un violeur de gamines dans une petite ville d'Angleterre. Un suspect, ivre, est mis en garde à vue un soir au commissariat; Johnson est convaincu qu'il s'agit du tueur et entreprend de lui faire avouer sa culpabilité.

 Sujet fréquent, le cinéma pullule de sujets de ce genre: le bon policier obnibulé et engagé pour la capture du méchant criminel. Ce qui fait la différence c'est la manière dont le sujet est traité et ce notamment à travers la mise en scène. Or le moins que l'on puisse dire ici, c'est que Lumet apporte beaucoup de nuances au film et le rend plus complexe et intéressant que ne le laisse présager l'histoire. La prestation excellente de Sean Connery au service d'un personnage complexe et torturé de l'intérieur se rajoute à cela. Ce film exerce une fascination et ne peut laisser indifférent. Pour tout dire, il met mal à l'aise: atmosphère sombre, personnage fascinant d'ambiguïté au bord de la folie. The offence s'apparente en fin de compte à une abstraction d'une âme humaine complexe, ni tout à fait innocente, ni tout à fait coupable. Voilà quelque chose qui peut rappeler un certain Douze hommes en colère (1957) où Lumet aborde de front la frontière très mince entre culpabilité et innocence.

L'inspecteur Johnson ici constitue le sujet principal du film. La recherche du violeur d'enfants est secondaire, ce qui intrigue ici est le comportement et la dérive, la perdition du personnage principal. Alors qu'il semble tout désigné pour être l'héroïque policier en quête de justice contre le violeur, très vite des analogies se font avec ce dernier; ainsi cette scène où il retrouve une gamine violée, encore en vie: la mise en scène nous montre une ambiguïté palpable, au point que Johnson apparaît comme un violeur potentiel.

Johnson va très loin dans la dérive et sa folie intérieure qui le rend instable; il va jusqu'à tuer...que le suspect soit innocent ou coupable là n'est pas la question.

Tout le film je me suis posé la question de ce qui amène le personnage à agir ainsi, à être si torturé. Sa fascination pour le suspect indique peut être une culpabilité, un miroir dont il veut se débarrasser... On comprend en effet que Johnson à une vie de raté, dans le sens où il semble totalement frustré de son quotidien. Sa vie privée, tel que nous l'indique la séquence avec son épouse, est d'un ennui terrible. La mise en scène et le montage révèlent par ci par là un potentiel de violence. Y aurait il comme un refoulé de ce qu'il désire réellement pour combler ses frustrations et se venger du réel?

C'est à ce niveau que le film flirte avec l'abstraction: l'intériorité du personnage est le sujet du film, rien de réellement d'identifiable et de définissable. L'âme humaine y apparaît comme un tréfonds de complexité et d'ambiguïté, sur un fil constant. L'inspecteur en quête de justice du début de film est un assassin et pas si éloigné que cela du violeur d'enfant, tant la mise en scène en souligne des rapprochements. La culpabilité apparaît dans le film comme une constante de l'âme humaine.

Bien plus que le contexte glauque du film, pour le reste très bien rendu, tant la ville y semble froide et malsaine, insécurisante, c'est une âme en conflit avec elle même qui fascine.

Formidable Sean Connery, pour un film malheureusement très méconnu de Lumet; d'ailleurs ce film fut un échec commercial lors de sa sortie aux USA...

 

 



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