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Citylight
11 mars 2012

District 9

District 9 - Neil Blomkanp - USA/Nouvelle-Zélande - 2009 - Avec Sharlto Copley, David James, Jason Cope, William Allen Young


Produit par le célèbre Peter Jackson, District 9 est une agréable surprise car il constitue un bon divertissement de SF tout en dégageant un sens très actuel puisqu'il donne lieu à une métaphore pertinente quant aux politiques d'immigration inhumaines développées dans le monde. L'humanité par ailleurs ne sort pas grandie de ce film, bien au contraire. Un film qui peut être apprécié sans pour autant être friand des séquences d'action qui pour ma part constituent le bémol que j'apporte, certaines étant un peu lourdes.

Des extraterrestres, surnommés "les crevettes", se sont retrouvés bloqués sur terre, dont le vaisseau stationne au dessus de la ville de Johannesbourg en Afrique du Sud. Isolés dans le district 9, les aliens suscitent polémiques tandis que la multinationale MNU veut exploiter leur armement qui ne fonctionne qu'avec l'ADN des crevettes. Un agent du MNU, responsable d'une mission de transfert des aliens dans un camp, est contaminé par un produit alien et se métamorphose progressivement en espèce extraterrestre. Il se retrouve traqué car suscite un intérêt d'ordre militaire et financier...

Filmée sous mode documentaire télévisuel, la première demi heure du film est très réussie et la plus riche dans sa signification politique. Pas foncièrement différents des humains, les aliens sont victimes de ségrégation, parqués comme des bêtes, délogés de leurs habitats réduits à des installations de fortune, boucs émissaires de la population locale qui veut leur départ, voire leur éradication. Mis à part l'apparence fantastique des aliens, cette partie ne fait que trop écho aux compte-rendus médiatiques des diverses manœuvres politiques lancées ici et là en matière d'immigration (la jungle de Calais, les campements de roms...). Le héros du film, particulièrement naïf dans cette première demi-heure, est suivi par une caméra journalistique et fait l'apologie de l'opération en cours, en exécutant d'une décision politique et croyant en l'"humanité" de l'opération consistant à "installer" (ou plutôt enfermer!) les aliens dans une zone spécifique (district 10). Le district 9 s'apparente par ailleurs à un quartier de violences sociales, trafics en tout genre, etc. L'armée - police survole constamment aussi district 9, entérinant le fait que ce quartier est un véritable ghetto où le politique y entre par le biais de la force policière. L'aspect ghetto n'est bien sûr pas sans se référer à l'histoire de l'apartheid, et beaucoup d'éléments de la première partie sont très évocateurs.

Sans vouloir raconter le déroulement du film, au-delà de scènes d'action qui prennent le pas sur l'intrigue politique, quelques séquences interviennent parfois en renforçant l'impression donnée par la première demi-heure, mais cette fois-ci en travaillant davantage le côté humain des aliens, bien plus palpable en fin de compte que les êtres humains. On éprouve en effet une sympathie croissante pour les aliens au détriment des humains. La vision médiatique apportée en début de film est progressivement retournée et on prend part pour les aliens. Un passage situé dans la pièce d'expérimentations sur les aliens est très touchant, lorsqu'en plein cœur d'une scène d'action l'extra-terrestre "Christopher" découvre le sort réservé à nombre de ses compagnons aliens. Le film fait une pause et s'arrête un moment sur la tragédie ressentie par Christopher. Voilà le ce qui est promis à l'ensemble de toute une "communauté"...

Outre l'aspect politique, le film est divertissant en matière de SF, reprenant des éléments de l'histoire du genre; ainsi par exemple le thème de la métamorphose qui peut nous rappeler La mouche de Cronenberg ou encore l'humain-robot rappelant Robocop...

Il serait abusé de dire que ce film est indispensable, mais il est à voir...


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